Pathogène/Epidémiologie
Pathogène :
- Virus ubiquitaire appartenant à la famille des Herspesviridae (cf CMV)
Epidémiologie :
- Infection endémique cosmopolite
- Prévalence
- inversement proportionelle au niveau socio économique
- 50 à 80% chez l'adulte et pays industriualisé
- proche de 100% dans certaines régions d'Afrique
- Transmission
- Strictement interhumaine (sexuelle, salive, urines, lait, sang)
Physiopathololgie
- Phase de latence après primo-infection et réactivations possibles
- Primo-infection
- Le plus souvent asymptomatique chez l'enfant
- Le plus souvent symptomatique chez l'adulte : syndrome mononucléosique, hépatite, fièvre prolongée
- Pathogénicité réelle
- Réactivation de l’infection latente à l’occasion d’une immunodépression de type cellulaire :
- Manifestations viscérales, oculaires, neurologiques graves
- Primo-infection et grossesse (prise en charge spécialisée)
- Réactivation de l’infection latente à l’occasion d’une immunodépression de type cellulaire :
Clinique
1. Formes cliniques les plus fréquentes
- Asymptomatique +++
- Fièvre isolée prolongée (jusqu'à 3 semaines)
- Syndrome mononucléosique
2. Formes compliquées de l'immunocompétent
- Polyradiculonévrite type Guillain & Barré, méningo encéphalite, myélite
- Arthrite, arthralgies
- Myocardite, péricardite
- Pneumopathie intersitielle
- Colite ulcéreuse, hépatite, rupture de rate
- Anémie hémolytique auto-immune, syndrome d'activation macrophagique
3. Formes de l'immunodéprimé
-
Possibilité de forme asymptomatique
3.1 Syndrome viral à CMV ou maladie à CMV :
-
Fièvre
-
Cytolyse hépatique
-
Leuconeutropénie
-
Thrombopénie
3.2 Infection opportuniste à CMV
- Atteintes hépatiques, cholangite
- Atteintes gastro-intestinales : oesophagite, colite, duodénite
- Atteintes neurologiques (VIH surtout) : encéphalite, myélite, polyradiculonévrite, polynévrite
- Pneumonie à CMV
- Rétinite à CMV
Diagnostic
Eléments biologiques d'orientation
- Syndrome mononucléosique
- Neutropénie
- Thrombopénie
- Cytolyse hépatique
Diagnostic de certitude
- Diagnostic de primo-infection CMV
- Sérologie (IgM puis IgG anti-CMV)
- Charge virale élevée sans anticorps
- Diagnostic de maladie à CMV
- Avant tout sur les signes cliniques et l’imagerie
- En cas de rétinite, le seul fond d’œil avec anomalies caractéristiques suffit
- PCR CMV. Charge virale CMV = technique de référence
- Sang total, plasma
- Urines
- LCS
- Tout autre liquide biologique
- Sur biopsie
- Antigénémie pp65 : positivation et/ou augmentation (seuils à définir avec le laboratoire)
- Certitude :
- Immunohistochimie
- Ou hybridation in situ d'un fragment biopsique
Traitement
Traitement curatif au cours de l'infection à VIH
- Ganciclovir : traitement de première intention
- 5 mg/kg/12h, IV 30-60 mn, 14-21 j
- Effets indésirables : leuconeutropénie +++, thrombopénie, anémie
- Valganciclovir : traitement de première intention si rétinite, ou relai voie IV
- 900 mg/12h, PO, 14-21 j
- Effets indésirables : cf ganciclovir
- Foscarnet : deuxième intention, surtout si neutropénie ou si suspicion résistance au ganciclovir
- 90 mg/kg/12h, IV 60-90 mn avec pré-hydratation, 14-21 j
- Effets indésirables : insuffisance rénale par tubulopathie, troubles métabolisme phosphocalcique, syndrome oedémateux, ulcérations génitales, troubles digestifs
Traitement curatif, autres immunodépressions
- Ganciclovir :
- En première intention,
- 5 mg/kg/12 h, IV, durée minimale de 21 jours
- Valganciclovir :
- Si atteinte tissulaire ou de syndrome viral n’engageant pas le pronostic vital, et chez l’adulte,
- 900 mg/12h, PO, durée minimale de 2 semaines
- Surveillance virologique :
- Au moins 1 fois par semaine (antigénémie ou charge virale).
- Traitement préemptif
- Indication
- Chez les greffés de moelle : réduction des risques de survenue et de la gravité des pneumonies à CMV
- Chez les transplantés rénaux : permet d’allonger la survie du greffon
- Modalités
- Ganciclovir : 5 mg/kg/12 h, IV, 7 jours
- valganciclovir : 900 mg/12h, PO, durée minimale 7 j
- Letermovir : 480 mg x 1/24h PO (avec ou sans nourriture) ou IV (perfusion)
- Surveillance virologique
- 1 à 2 fois par semaine
- Nécessaire pour évaluer la durée du traitement
- Pas de consensus entre poursuite d’un traitement prophylactique secondaire ou surveillance simple.
- Indication
Autres anti-CMV :
- Brincidofovir : possiblemùent en prévention de l'infection à Cytomegalovirus dans les greffes de moelle osseuse chez l'adulte, en AAC
- Letermovir : en prophylaxie de la réactivation du cytomégalovirus (CMV) et de la maladie à CMV chez les adultes séropositifs au CMV receveurs [R+] d’une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques (GCSH)
- Maribavir : disponible en accès précoce post-AMM dans l'indication suivante : Traitement de l’infection et/ou de la maladie à CMV réfractaire (avec ou sans résistance) à un ou plusieurs traitements antérieurs, y compris le ganciclovir, le valganciclovir, le cidofovir ou le foscarnet chez les patients adultes ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques ou une greffe d’organe solide
- Immunoglobulines hyperimmunes (Cytotect®) : disponible en AAC. Posologie : 100 U/kg/dose avec 6 doses à intervalle de 2-3 semaines
Prévention
Patient infecté par le VIH
- Prophylaxie secondaire
- Traitement curatif à mi-dose tant que dure l'immunodépression :
- Ganciclovir : 5 mg/kg/j IV
- Foscarnet : 120 mg/kg/j IV
- Valganciclovir : 2 comprimés à 450 mg en une prise
- Traitement curatif à mi-dose tant que dure l'immunodépression :
- Prophylaxie primaire
- Non justifiée de façon systématique, sauf positivation de la PCR CMV et CD4 < 100/mm3
- Dans ce cas, traitement dit «préemptif» en posologie d’attaque
Immunodépressions non liées au VIH
- Prophylaxie primaire et transplantation d’organes
- Utiliser un greffon de donneur séronégatif pour un receveur CMV négatif
- Idem pour les transfusions sanguines, associée à une déleucocytation des culots globulaires
-
Traitement préventif
-
- Chez les patients séronégatifs pour le CMV ayant bénéficié d’une transplantation d’organe à partir d’un donneur séropositif pour le CMV (D+/R-)
- 900 mg en 1 prise par jour
- Traitement à débuter dans les 10 jours suivant la transplantation et poursuivi pendant 3 à 6 mois, selon l’organe transplanté, l’intensité et la durée de l’immunodépression (risque majoré en cas de traitement d’induction avec des anticorps anti-lymphocytaires). Un minimum de 6 mois est recommandé pour les greffes de poumons et d’intestin grêle
-
Ganciclovir IV, à défaut
-
Suivi
- Surveillance de l’efficacité évaluée sur :
- La clinique
- Les marqueurs biologiques (si positifs au début du traitement)
- La toxicité (complications hématologiques et rénales)
-
Letermovir : 480 mg x 1/24h PO (avec ou sans nourriture) ou IV (perfusion)
Autre information
- Prévention de l'infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né Rapport du HCSP, décembre 2018
- Avis du HCSP relatif à la prévention de l'infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né, 18 mai 2018
- Mesures d'hygiène pour se protéger du CMV
- HCSP : Questions/Réponses relatif la prévention de l'infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né, décembre 2018
- Letermovir avis de la commission de l transparence du 05 septembre 2018