Pathogène/Epidémiologie
- Porte à sa surface des glycoprotéines antigéniques (neuraminidases et hémagglutinines) dont les mutations régulières expliquent l'absence d'immunisation durable et les difficultés de la prophylaxie vaccinale
- Glissement antigénique :
- Lorsqu'une mutation aboutit à la modification d'un site antigénique.
- Evolution progressive et permanente des antigènes de surface responsable d'épidémies saisonnières et hivernales
- Cassures antigéniques : changement complet d'une molécule de surface chez les virus de tyupe A
- Changement antigénique brusque et complet (cassure antigénique sensu stricto, par remplacement de l'HA et/ou de la NA par une HA et/ou une NA d'un type moléculaire différent)
- Par exemple lors d'une co-infection chez le porc aboutissant à un virus hybride ou reassortant
- Possiblement responsable d'une pandémie
- Transmission interhumaine aéroportée (type gouttelettes) et manuportée
- Contagiosité très importante un jour avant les symptômes et pendant six jours
Clinique
Forme typique de diagnostic clinique facile en période épidémique, devant un tableau brutal associant :
- Syndrome infectieux marqué
- Syndrome respiratoire
- Syndrome algique
- Et des signes physiques pauvres
- Une dyspnée doit alerter surtout en l'absence de pathologie cardio-respiratoire sous jacente
Evolution
- Maladie aiguë de courte durée (5 j)
- Persistance d'une fièvre (> 5 j), ou absence de régression ou aggravation des symptômes doivent faire rechercher une complication :
- Complications respiratoires basses :
- Bronchite aigue
- Pneumonie virale primaire ou grippe maligne rare, souvent mortelle
- Pneumonie bactérienne secondaire conduisant fréquemment à l'hospitalisation
- Pneumonie mixte
- Aspergilloses pulmonaires invasives hors immunodepression
- Exacerbation de BPCO, de mucoviscidose
- Décompensation d'asthme
- Complications respiratoires hautes :
- Otite moyenne aigue
- Sinusite
- Extra-respiratoires : myosites, cardiaques (myocardite, péricardite, nécros myocardique), neurologiques (encéphalites, polyradiculonévrites, syndrome de Guillain et Barré)
- Complications respiratoires basses :
Autres formes cliniques
- Femme enceinte : risque pour la femme enceinte et le foetus
- Grippe de l'enfant :
- < 1 an : formes asyptommatiques, paucisymptomatiques (45%) ou formes sévères
- avant 3-5 ans : diagnostic délicat
- Somnolence
- Signes digestifs
- Fièvre élevée, mal tolérée
- Grippe du sujet âgé
- Hospitalisations fréquentes,
- Décompensations cardio-respiratoires, neuropsychiques,
- Fréquence des surinfections bactériennes respiratoires
Diagnostic
Diagnostic clinique facile en période épidémique (réseau sentinelle)
Diagnostic virologique rarement indiqué :
- Cas sporadiques hors épidémie
- Manifestations respiratoires sévères
- Manifestations extra-respiratoires
- Suspicion de grippe à virus émergent zoonotique aviaire ou porcin, pandémie...)
Techniques
- Tests rapides d'orientation diagnostique (TROD)
- Test rapide au laboratoire 5ELISA ou immunoflourescence)
- RT-PCR : méthode de référence
- Culture virale reservée à la recherche
- Sérologie : aucun intérêt à titre individuel
Traitement
Traitement anti-infectieux spécifique curatif : Inhibiteurs de la neuraminidase (Oseltamivir et Zanamivir)
- Activité in vitro sur les virus grippaux A et B
- Réduisent la durée et l'intensité des symptômes, la durée du portage viral, la fréquence de survenue des complications respiratoires nécessitant un traitement antibiotique, une hospitalisation
- Les données recueillies pour A(H1N1) 2009 confirment l'efficacité de l'oseltamivir, en particulier chez les patients à risque (femme enceinte) et dans les formes sévères ; réduction du risque d'hospitalisation, de transfert en réanimation, de décès et de la durée d'hospitalisation
- Efficacité corrélée à la précocité du début de traitement par rapport au début des signes, idéalement dans les 48 premières heures
- Indications et posologies (cf Oseltamivir) (cf Zanamivir)
RECOMMANDATIONS DU HCSP
Le HCSP recommande une utilisation ciblée des inhibiteurs de la neuraminidase et quels que soient les antécédents vaccinaux :
- Traitement curatif chez les personnes symptomatiques dans les situations suivantes :
- Personnes à risque de complications, âgées de 1 an et plus, y compris les femmes enceintes, ciblées par la vaccination ;
- Personnes présentant une grippe grave d’emblée ou dont l’état général s’aggrave selon l’appréciation du médecin ;
- Personnes dont l’état justifie une hospitalisation pour grippe.
L’efficacité du traitement étant corrélée à la précocité de son administration, il doit être initié le plus rapidement possible, sans attendre le résultat du test de confirmation virologique du diagnostic s’il a été réalisé.
- Un traitement préemptif par les INA, c'est-à-dire à dose curative, chez les personnes
- Encore asymptomatiques mais jugées à risque très élevé de complications grippales par le médecin, et en contact étroit avec un cas confirmé ou cliniquement typique de grippe : par exemple les personnes présentant des co-morbidités graves et/ou instables, comme les affections cardiopulmonaires graves ou les personnes immunodéprimées, qu’elles vivent ou non en collectivité.
- Ce traitement doit également être initié le plus rapidement possible sans attendre le résultat du test de confirmation virologique du diagnostic s’il a été réalisé.
- Bien qu’il s’agisse d’une prescription hors AMM, le HCSP estime que le rapport bénéfice/risque est très en faveur de ce traitement chez ces patients. En effet, un traitement post-exposition à demi-dose exposerait à un risque de manque d’efficacité et d’émergence de virus résistants si le patient devient symptomatique.
- Un traitement prophylactique en post-exposition par les INA :
- Uniquement chez les personnes jugées à risque de complications âgées de 1 an et plus y compris les femmes enceintes, ciblées par la vaccination, après un contact étroit datant de moins de 48 heures avec un cas confirmé ou présentant une symptomatologie typique de grippe
- En collectivités de personnes à risque (ex : collectivités de personnes âgées)
- Le HCSP recommande, en cas de situation de contingentement des antiviraux (INA), que :
- leur prescription chez les personnes âgées de plus de 65 ans, pourtant éligibles à la vaccination, ne soit pas systématique mais soit appréciée au cas par cas, en fonction de la présence ou non de facteurs de co-morbidité
- une attention toute particulière soit accordée au respect de la posologie chez l’enfant, ce qui nécessite de pouvoir disposer de formulation à 30 mg et 45 mg.
Traitements associés
- Grippe commune
- Mesures symptomatiques : isolement, repos, hydratation, antipyrétiques (type paracétamol, en évitant l'aspirine en raison du risque de syndrome de Reye), sédatifs de la toux, adaptation du traitement de fond d'une maladie chronique
- Antibiotiques : uniquement si complication bactérienne avérée
- Grippe maligne
- Traitée en service de réanimation
- Des formulations IV d'oseltamivir et de zanamivir sont disponibles en AAC.
Prévention
Collective
- Mesures d'hygiène, simples, contribuent à limiter la transmission interhumaine
- Protection contre la toux des malades (masques)
- Lavage des mains après avoir été en contact avec une personne infectée ou son environnement proche
- Si suspicion ou diagnostic de grippe : précautions complémentaires Gouttelettes quel que soit le statut vaccinal du patient et du soignant vis-à-vis de la grippe
- Surveillance
- Nationale (CNR, réseaux sentinelles, GROG), européenne et internationale (OMS)
- Permet la détection précoce des virus circulants, du début des épidémies, la surveillance des caractéristiques antigéniques des virus et l'adéquation au vaccin.
Individuelle
• Vaccination
- Le vaccin (cf Vaccin grippe)
- Efficacité protectrice de 70-90 % chez l'adulte, moindre chez les personnes âgées
- Il réduit la survenue des pneumonies, les hospitalisations et la mortalité
- Il est recommandé de vacciner à l'automne
- Politique de vaccination : recommandations générales (BEH)
Vaccination recommandée chaque année pour :- Les personnes âgées de 65 ans et plus
- Les personnes à risque d'exposition en milieu professionnel
- Les personnes atteintes de certaines pathologies (ALD), y compris les enfants à partir de l'âge de 6 mois,
les femmes enceintes - L'entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave
- L'obèsité morbide
- Politique de vaccination : Recommandations particulières
- Professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec les sujets à risque : personnels médicaux et paramédicaux, personnels administratifs, employés, agents, techniciens intervenant en hospitalisation traditionnelle, hôpitaux de jour, hospitalisation à domicile, moyen et long séjours, rééducation
- Grossesse : la vaccination des femmes enceintes est recommandée à partir du deuxième trimestre de la grossesse. Les femmes enceintes ayant des facteurs de risque autres pouvant être vaccinées dès le premier trimestre (ALD...)
- Infection à VIH
- Voyageurs à risque élevé de complications grippales
• Chimioprophylaxie antivirale
- Oseltamivir et zanamivir ont une AMM pour la prophylaxie de la grippe
- Prophylaxie de la grippe par oseltamivir
- Prophylaxie post exposition après contact étroit avec une personne infectée, le plus tôt possible (dans les 2 jours suivant le contact). Durée : 10 jours
- Adolescent 13 à 17 ans et adulte : oseltamivir 75 mg x 1/24h
- Nourrisson > 1 an et enfant 2 à 12 ans : Posologie selon le poids : ≤ 15 kg : 30 mg x 1/24h ; 15-23 kg : 45 mg x 1/24h ; 23-40 kg : 60 mg x 1/24h ; > 40 kg : 75 mg x 1/24h
- Nourrisson < 1 an, en période pandémique : Posologie selon l’âge : 0-1 mois : 2 mg/kg x 1/24h ; 1-3 mois : 2,5 mg/kg x 1/24h ; > 3 mois-12 mois : 3 mg/kg x 1/24h
- Prophylaxie en période épidémique chez adolescent 13 à 17 ans et adulte : oseltamivir : 75 mg x 1/24h, pour une période allant jusqu’à 6 semaines
- Prophylaxie post exposition après contact étroit avec une personne infectée, le plus tôt possible (dans les 2 jours suivant le contact). Durée : 10 jours
2 inhalations (2 x 5 mg) par voie buccale x 2/24h, pendant 10 jours
Autre information
- Conduite à tenir en cas d'épidémie dans une collectivité.
- Conduite à tenir en cas de suspicion de grippe à virus H5N1.
- Se référer aux documents officiels de la DGS, DHOS, CSHPF, InVS www.sante.gouv.fr rubrique "grippe" Avis du HCSP relatif à la priorisation de l'utilisation des antiviraux en situation d'épidémie de grippe saisonnière, 3 mars 2015
- Avis du HCSP relatif à la fiche de recommandation pour la prescription d'antiviraux en période d'épidémie de grippe saisonnière, 12 novembre 2015.
- Recommandations voyageurs 2022
- Avis du HCSP relatif à la prescription d'antiviraux en cas de grippe saisonnière,16 mars 2018
- Surveillance hebdomadaire de la grippe par le réseau Sentinelles