Agent Pathogène
Description
- Bacille à Gram négatif aérobie-anaérobie facultatif de la famille des entérobactéries
- Grande diversité génétique et de virulence, propagation mondiale de clones virulents (ST131)
- Sérogroupe selon l'antigène de paroi O (>180) et sérotype selon l'antigène de flagelle H (>60)
exemple : E. coli 0157:H7 responsable de syndrome hémolytique et urémique (SHU)
Epidémiologie
- Saprophyte du tube digestif de l'homme et des animaux à sang chaud
- Présence dans l'environnement témoin d'une colonisation fécale (d'où surveillance de l'alimentation et de l'eau)
Physiopathologie
- Habituellement simple colonisation digestive
- Parfois infection, ce qui implique une souche particulièrement virulente et/ou un facteur favorisant
Transmission
- Colonisation du tube digestif dès les premières heures de vie
- Acquisition secondaire de nouvelles souches, notamment virulentes / épidémiogènes
- Transmission oro-fécale (manuportée, par l'eau ou les aliments), ou rarement sexuelle
Principales pathologies
Infections extra-intestinales
- Infections urinaires (IU) (cf cystite, pyélonéphrite, prostatite) : E. coli 1er agent responsable de ces infections du fait de la fréquence de souches "uropathogènes" (pili permettant l'adhésion puis l'infection ascendante).
- Infections intra-abdominales en cas de brèche (appendicite, diverticulite, salpingite, péritonite...) ou de facteur favorisant (infection biliaire sur lithiase...).
- Infections néo-natales (méningite, sepsis).
- Rares autres localisations (endocardite, infection ostéo-articulaire...).
Infections intestinales
- E. coli entéropathogène (EPEC) :
- surtout responsable de gastro-entérites infantiles (cf syndrome gastro-entéritique)
- E. coli entéro-toxinogène (ETEC) :
- entérotoxine thermostable ou thermolabile pouvant induire un syndrome cholériforme
- principale cause de turista
- E. coli entéro-invasive (EIEC) :
- gènes d'invasion identiques à ceux de Shigella
- responsable de syndrome invasif (cf syndrome dysentérique)
- E. coli entéro-hémorragique (EHEC) = E. coli producteur de shiga-toxine (STEC)
- production d'une toxine à l'origine de SHU
Antiinfectieux
Résistance naturelle
- "Entérobactérie du groupe 1" = absence de résistance naturelle aux ß-lactamines (sauf aux pénicillines G, V et M)
- Absence de résistance naturelle aux autres familles d'antibiotiques à activité anti-Gram négatif : quinolones (Q1G et FQ), aminosides, cyclines, sulfamides et dérivés, furanes, fosfomycine et polymyxines
Résistance acquise
- Variable selon les pays et l'acquisition communautaire ou liée aux soins
- Plus élevée chez les sujets antérieurement exposés aux antibiotiques (modification de la flore digestive native)
- Résistance en France "en ville" en 2018 : ~ 45 % % pour amoxicilline, ~ 15 % pour amoxicilline-acide clavulanique, ~ 20 % pour cotrimoxazole, ~ 15 % pour acide nalidixique, ~ 10 % pour fluoroquinolone, < 5 % pour C3G, aminoside, furane, fosfomycine
Traitement par site infectieux :
- IU documentée = le spectre le plus étroit possible
(cf cystite, pyélonéphrite, prostatite)
- Infection abdominale (sigmoïdite, péritonite...) : nécessité d'englober les anaérobies (+/- l'entérocoque sur terrain fragile)
- Infection intra-intestinale :
- inutilité de l'antibiothérapie pour les syndromes cholériformes
- bénéfice très discuté pour les syndromes invasifs (turista : bénéfice individuel modeste, effet collatéral sur la flore individuelle et collective ; STEC : abstention antibiotique)
Prévention
Vaccin / immunoprophylaxie
- Essais d'implantation d'E. coli peu virulents dans l'arbre urinaire, en prophylaxie des IU récidivantes
Chimioprophylaxie
- Antibioprophylaxie pré-opératoire de la chirurgie urologique et digestive ciblant notamment E.coli
- Chimioprophylaxie des cystites récidivantes à limiter au maximum
Mesures d'hygiène
- Précautions standard, prévenant le "péril fécal"
- Précautions complémentaires contact pour certaines diarrhées infectieuses (incontinence…) et les infections / colonisations à E. coli producteurs de BLSE ou de carbapénémases
Santé publique
- DO en cas de toxi-infection alimentaire collective
- Surveillance des SHU de l'enfant de moins de 15 ans et des infections à STEC