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Maladies Infectieuses et Tropicales

Guide de traitement - Référence pour une bonne pratique médicale

CH Brive connecté - déconnexion - dimanche6octobre/10/2024

Pneumocystose

Pathogène/Epidémiologie

Pathogène : Pneumocystis jiroveci (ex-carinii) : 
Agent d'une des infections opportunistes (IO) les plus fréquentes en France

  • Appartient au règne des champignons
  • Absence de culture possible
  • Sensibilité aux antiparasitaires

Épidémiologie environnementale

  • 2ème infection fongique invasive la plus fréquente (derrière les candidémies)
  • Diminution de l’incidence chez les personnes vivant avec le VIH (elle constitue cependant la 1ère IO classant SIDA chez elles)
  • Infection de plus en plus présente chez les autres patients immunodéprimés 
  • Mortalité beaucoup plus élevée chez les patients non-VIH 

Physiopathologie

  • Transmission aérienne, interhumaine possible, ou à partir de réservoirs environnementaux
  • Infection asymptomatique chez l'immunocompétent
  • Pneumocystose : réactivation lors d'une immunodepression

 

Clinique

Forme typique

  • Evolution sub-aiguë
  • Toux sèche
  • Dyspnée d’intensité croissante
  • Fièvre, généralement peu élevée
  • Révélatrice de l'infection à VIH
  • Ou survenant chez une personne avec infection connue par VIH mais ne prenant pas de prophylaxie spécifique

Forme fulminante

  • Détresse respiratoire

Diagnostic à évoquer :

  • Chez toute personne ayant une pneumopathie interstitielle bilatérale,
  • Ne répondant pas à une antibiothérapie classique
  • Ou associée à une immunodépression (infection à VIH, tranplantation d'organe, chimiothérapie pour cancer, corticothérapie au long cours, malnutrition sévère), le plus souvent sans traitement prophylactique par TMP-SMZ.
  • Chez un patient VIH+, risque principal : Lymphocytes T CD4+ < 200/mm3 (100/mm3 si CV indétectable)

Auscultation pulmonaire souvent normale

Gazométrie artérielle souvent plus altérée que ne le laisse supposer le tableau clinique

LDH souvent élevées

Diagnostic

Imagerie : 

  • Cliché thoracique : syndrome interstitiel bilatéral
  • TDM thoracique :
    • Opacités en verre dépoli diffuses épargnant classiquement la périphérie
    • Parfois présence de kystes, de nodules, ou de condensations.
  • Elévation des LDH, classique, constitue en cas d’élévation majeure, un facteur de mauvais pronostic. 

Gazométrie artérielle : hypoxémie, désaturation, évalue la gravité et le pronostic.

 

Diagnostic microbiologique

  • Mise en évidence de kystes de Pneumocystis jiroveci en première intention
    • Examen direct au microscope,  examen de référence
      • Nécessité d'utiliser 2 techniques complémentaires (2 colorations différenres (Gomori-Grocott, Giemsa) ou 1 coloration + IF)
      • Sur LBA ou expectoration induite
      • Pouvant être réalisé même après initiation, en situation d'urgence d'un traitement probabiliste par cotrimoxazole

 

Le diagostic peut également reposer sur :

  • PCR sur expectoration induite ou LBA si forte suspicion clinico-radiologique
    • Sensible, ne peut toujours différencier colonisation et infection
    • À intégrer au tableau clinique
    • En pratique, l'association d'une PCR et d'une immunoflourescence négative dans le LBA élimine une
      pneumocystose
       
  • Antigène soluble bêta-(1-3)-D-glucane :
    • Dosage sérique indiqué si pneumopathie fébrile de diagnostic différentiel difficile chez immunodéprimé.
    • Surtout intéressant si prélévement pulmonaire (LBA non réalisable).
      • Si résultat négatif : élimine infection fongique invasive (IFI)
      • Si résultat positif : poursuivre investigations (LBA) pour identifier l'IFI

Traitement

Première intention : TMP/SMX (Triméthoprime + Sulfaméthoxazole (cotrimoxazole)) 15/75 mg/kg/24h en 3 prises PO ou IV (sans dépasser 12 ampoules par jour)

  • Cotrimoxazole PO (TMP 160/SMX 800) : 2 cp x 3/24h ;
  • Cotrimoxazole IV (TMP 80/SMX 400) : 4 ampoules IV x 3/24h, si forme sévère ou impossibilité d’utiliser la voie orale
  • Durée de traitement : 21 jours

En cas de survenue d'effet secondaire grave (éruption fèbrile, hépatite, cytopénie, insuffisance rénale...) ou si contre-indication d'emblée au cotrimoxazole : 

  • Formes modérées :
    • Atovaquone suspension (750 mg x 2/24h) pendant 21 jours au total. Prise impérative avec repas riche en graisses
    • Ou aérosol quotidien de pentamidine (300 mg/24h) pendant 21 jours au total
  • Formes sévères :
    • Pentamidine IV ou IM (3 mg/kg/24h) pendant 21 jours au total ; surveillance glycémique ++

Traitement associé

  • Corticothérapie par voie orale (prednisone 1 mg/kg/24h) ou IV (méthylprednisolone), lorsque la PaO2 est inférieure à 70 mmHg. Schéma progressivement décroissant : prednisone orale 60-80 mg/24h en 2 prises J1 à J5, puis 40 mg/24h de J6 à J10, puis 20 mg/24h de J11 à J21.
  • Oxygénothérapie
  • Transfert en soins intensifs si besoin (VNI ? éviter intubation ++)

Suivi

  • Contrôle de la disparition du Pneumocystis jiroveci non nécessaire
  • Aucune intérêt du suivi des taux sériques de BD-glucane
  • Eruption fébrile allergique (sulfamide) vers le 10-12ème jour de traitement dans près de la moitié des cas (sauf si corticothérapie)
  • Prophylaxie secondaire si indiquée (cf infra)

Prévention

Prophylaxie primaire

  • Infection VIH : dès que CD4 < 200/mm ou < 15 % des lymphocytes
    • Cotrimoxazole (TMP 80/SMX 400) : 1 cp/24h
    • Cotrimoxazole forte (TMP160/SMX 800) : 1 cp/24h si sérologie toxoplasmose positive (prophylaxie double)
    • Si intolérance et sérologie toxoplasmose négative : Aréosols pentamidine 300 mg x 1/mois
    • Alternatives :  Atovaquone (1 500 mg en une prise/j), Dapsone (50 mg/24h)
  • Greffés de moelle et transplantés d'organe
    • Cotrimoxazole (TMP 80/SMX 400) : 1 cp /24 h
    • Cotrimoxazole forte (TMP 160/SMX 800) : 3 cp / semaine
    • Durée : 6 mois chez greffés moelle, rein, plus prolongée chez transplantés pulmonaires (au moins 1 an)

Prophylaxie secondaire

  • Infection VIH
    • Comme la prophylaxie primaire
    • À poursuivre jusqu'à obtention taux de CD4 > 200/mm3 et > 15 % à 3 mois d'intervalle, ou CD4 > 100/mm3 et charge virale indétectable > 3 mois
  • Autres immunodépressions profondes
    • Cotrimoxazole
    • Durée mal codifiée

Autre information